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El Watan | Algérie | 10/06/2012
Quelqu’un du service nous informe qu’il n’y a pas assez de médecins : «On a ramené, une fois, des praticiens d’El Affroun ; ils ont assuré la garde une seule nuit, et ils ne sont plus revenus.» Les malades s’impatientent. Deux femmes enceintes se présentent. Les agents de sécurité, dépassés, les installent sur les bancs. Aucune infirmière de celles qui déambulent dans le couloir ne s’intéresse à leur cas. Elles gémissent de douleur.
Nous entrons dans le service pour voir de près ces lieux sacrés où les enfants viennent au monde. Personne ne semble s’intéresser à ce que nous faisons et pourquoi nous nous trouvons dans cet endroit réservé aux femmes. Dans l’une des chambres, une femme, qui vient tout juste d’accoucher, demande d’une voix éteinte à une infirmière qui passe dans le couloir : «S’il vous plaît, donnez-moi…» Cette dernière l’interrompt : «Je ne te donne rien. Je viens de prendre mon service. Laisse-moi tranquille !» Sa voix d’adjudant n’admet aucune réplique. La malade se mure dans son silence. Dans une autre salle, une autre infirmière refuse de changer de vêtements à une femme exténuée.
Elle demande à ses parents venus lui rendre visite de le faire. Le médecin de garde arrive à 18h30 (montre en main). La véritable attente commence dans les rangs des malades et de leurs accompagnateurs. Le temps s’allonge.
La porte du médecin refuse de s’ouvrir du côté des patientes. L’une des deux femmes sur le point d’accoucher, installée depuis déjà plus d’une heure sur le banc, perd connaissance et s’affale sur le sol. Sa belle-mère accourt. Nous allons chercher quelqu’un du service. Une infirmière de celles qui hantent le couloir ne réagit pas. Elle se dirige avec une lenteur exagérée vers la porte, refusant de porter secours à la malade. Devant notre insistance, et à contrecœur, elle donne des claques à la femme encore sur le sol et déclare devant tout le monde : «Elle n’a rien. Elle se porte mieux que moi. Elle fait semblant.» Tous les présents dans cette parodie de salle d’attente, offusqués par ce comportement si peu professionnel exprimèrent leur colère à cette fonctionnaire de l’Etat qui n’honore pas cette profession si noble qui est censée être la sienne. Devant ce comportement peu honorable de la part de cette femme dont le rôle est d’aider, les discussions entre les personnes présentes allèrent bon train.
Des accouchements dans le couloir !
Nous apprenons qu’une femme, la semaine dernière, aurait accouché dans le couloir, faute d’assistance de la part des infirmières. Un homme reprocha la mort de son fils à un mauvais diagnostic établi par un médecin qui avait remplacé la titulaire. Ce que nous avons constaté, c’est que certaines «blouses blanches» discutaient et riaient à gorges déployées, alors qu’une femme criait comme une bête blessée, seule dans sa chambre. Auraient-elles oublié ce pourquoi elles étaient payées ? Auraient-elles, à force de voir quotidiennement le malheur des autres, perdu leur part d’humanité ? Que dirait Hippocrate s’il voyait ce massacre ? Le médecin de service demande aux familles des femmes qui viennent d’accoucher de prendre avec elles le nouveau-né et de le ramener le lendemain pour les vaccins.
Ces bébés ne devraient-ils pas être mis en observation, à l’hôpital, pour leur première nuit de vie ? Et si une complication survenait pendant les premières heures de leur existence ? Tous, agents de sécurité, infirmières et sages-femmes s’accordent à dire que c’est «normal».
De quelle norme parlons-nous quand on sait que le nouveau-né, dans d’autres lieux (nous n’avons pas dit : sous d’autres cieux !), est pris en charge et suivi par le staff du service de maternité régulièrement, et à l’hôpital, pendant au moins les premières vingt-quatre heures de sa vie pour le mettre bien sur les rails et le laisser se frayer seul son petit bonhomme de chemin ? Suffisamment de médecins pour prendre en charge convenablement tous les malades de ce service, des sages-femmes dévouées et des infirmières à l’écoute et au service de toutes ces femmes qui mettent quotidiennement leurs vies entre leurs mains : tel est le souhait de toutes les personnes rencontrées dans cette salle d’attente du service maternité de l’hôpital de Boufarik.
Rahmani Mohamed
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