La neuropathie comme l’ischémie peuvent causer des ulcères aux pieds et des blessures difficiles à soigner. L’infection de ces blessures peut entraîner l’amputation. Les chiffres donnent froid dans le dos. Dans le monde, toutes les 30 secondes, quelqu’un perd une jambe à cause du diabète. Pourtant, la plupart de ces problèmes peuvent être évités grâce à une prévention efficace. Ce qui fait cruellement défaut en Algérie. La célébration de la journée nationale des diabétiques le 24 mars, est l’occasion pour les spécialistes et les associations de tirer la sonnette d’alarme sur le diabète en hausse et ses conséquences redoutables.

Des questions qui ont été à l’ordre du jour du forum de discussions sur le diabète organisé, jeudi dernier, à l’hôtel Essafir, (ex- Aletti), par la Fédération algérienne des associations des diabétiques (Faad) , avec le soutien des laboratoires Novo Nordisk. Après Ghardaïa en 2010, et Oran en 2011, c’est au tour d’Alger d’accueillir cette année plus de 50 associations pour célébrer la journée nationale des diabétiques, une date qui coïncide avec la création, en 1993 de la Faad. A cette occasion, M. Noureddine Boucetta, président de la Faad, qui rappelle que le diabète touche environ trois millions d’Algériens, a mis l’accent sur l’ulcère du pied diabétique qui demeure la cause majeure d’amputation. Les ulcères et autres plaies du pied représentent l’une des complications les plus dévastatrices qu’encourent les personnes atteintes du diabète en Algérie, soulignant que «plus de 200 000 malades sont exposés à ce danger». Selon lui, «il y a un manque de prévention de l’hygiène du pied chez le diabétique».

Un volet sur lequel les professionnels de la santé ont insisté. Ils rappellent que marcher pieds nus ou porter des chaussures inadaptées peuvent être sources de blessures et de lésions qui favorisent les infections du pied pouvant être à l’origine d’amputation. Un problème qui peut être évité grâce à un contrôle régulier et une prise en charge informée du diabète. Il est donc important de garder un œil vigilant sur ses pieds, en adoptant un nombre de bonnes pratiques, une hygiène des pieds, des orteils et des ongles, et une surveillance régulière de l’état des pieds, par des spécialistes. A ce propos, M. Boucetta a mis en garde contre les charlatans qui prétendent guérir le diabète et ses complications par des plantes auxquels ils louent des vertus miraculeuses. Notre interlocuteur a évoqué, par ailleurs le problème des patients diabétiques qui ne peuvent pas se traiter car ils ne sont pas couverts par la sécurité sociale. «Entre 25 et 30% ne sont pas assurés», déplore t-il. Il a également regretté la fermeture de certaines maisons de diabétiques à travers le pays, pour manque de spécialistes et de médicaments. «Actuellement, il y a à peine une quarantaine de ces structures à travers le pays», a-t-il souligné. Le diabète gestationnel, un mal qui menace beaucoup de femmes durant la grossesse, figure également parmi les préoccupations. Novo Nordisk a lancé en 2011 l’initiative «diabète au féminin» en vue de sensibiliser sur le risque encouru par les futures mères (avant et pendant la grossesse). L’initiative se poursuit cette année encore avec toute une série d’actions axées sur la prévention et le dépistage du diabète gestationnel. 

Pénurie de médicaments anti-diabétiques

Nouvelle pénurie de médicaments antidiabétiques. Les malades atteints de diabète souffrent depuis quelques temps de manque de médicaments antidiabétiques oraux, notamment la metformine. C’est ce qu’a indiqué M. Boucetta : «Les malades sont confrontés depuis plus d’un mois à une pénurie de metformine, (500, 850 et 1000 mg», a-t-il souligné. «L’antidiabétique oral est indisponible, aussi bien celui fabriqué localement par Saïdal que celui importé», a-t-il tenu à préciser. 

Une clinique itinérante pour les diabétiques d’El-Oued

Une clinique médicale itinérante a été lancée par Novo Nordisk le 8 mars dernier à El-Oued pour prendre en charge des diabétiques de la région. Il s’agit de la seconde clinique mobile, après celle lancée à Blida, au mois de novembre, à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le diabète. Dotée d’équipements modernes, cette clinique est composée de spécialistes en diabétologie, cardiologie, ophtalmologie et en médecine sportive qui assurera, durant sa mission, des prestations médicales et un dépistage volontaire à la population. Au programme également, des actions de vulgarisation et de prévention sur la maladie qui a pris ces dernières années, des proportions alarmantes.

Lancement du projet Dawn2.0 en Algérie

Dix ans après le lancement de la première grande étude internationale portant sur la dimension psycho- sociale du diabète (Dawn1.0), les laboratoires Novo Nordisk comptent lancer la deuxième étude du genre, intitulée Dawn 2.0 (attitudes, besoins et souhaits associés au diabète) portant sur 18 pays dont l’Algérie, selon M. Pierre Roca, directeur des affaires publiques de Novo Nordisk Algérie. Cette étude qui sera menée en 2012 concerne une population de près de 1000 personnes (personnes atteintes de diabète, famille, professionnels de la santé et associations). Les résultats algériens et internationaux seront publiés vers la fin de l’année en cours. 

Par Amel Bouakba