Il a fallu donc une année pour l’attribuer, ce qui a mis les hôpitaux à genoux. Tous les produits manquent et cette rupture est signalée à l’échelle nationale. Les gestionnaires et les médecins font face à un grand problème dont la solution tarde réellement à venir.
Si le ministère de la Santé persiste à nier cette catastrophe, les malades la subissent tous les jours. Combien de patients pour qui le traitement a été interrompu parce que tel ou tel produit est en rupture.

Plusieurs médicaments sont introuvables dans les officines ou à l’hôpital, que ce soit pour le traitement des maladies chroniques ou autre. L’on peut citer le Tegretol, le Cyntocinon, la Digoxine, etc. Les plus touchés sont ces cancéreux affaiblis par la maladie qu’on veut réduire au silence. Les traitements au niveau du Centre Pierre et Marie Curie, où la majorité des cancéreux algériens viennent se faire soigner ainsi que dans les autres centres anticancers (CAC), sont administrés à moitié, si les praticiens arrivent à trouver certaines drogues de base.

«Ils sont traités avec des demi-protocoles sans qu’on informe les patients. Les médecins se prêtent des quotas comme dans une médecine de guerre pour soulager un tant soit peu la douleur de ces pauvres malades», nous livre un infirmier qui a requis l’anonymat, avant d’énumérer tous les produits actuellement en rupture et qui sont principalement des médicaments de base pour la chimiothérapie : 5 Fu, Métothrexate, Adréamycine, solutions salées, Cyclophosphamide injectable 500 et 200 mg, Mercaptoturine, Vancomycine, Prednisone, Morphine, Capicitadine, Vincristine, Vinblastine, la liste est encore longue.

Le cas de cet enfant âgé de deux ans souffrant d’un cancer de l’œil et qui nécessite une chimiothérapie pour lui sauver son œil, car on lui en a déjà enlevé un, est édifiant. Le traitement en question est composé de différents produits, à savoir la Cyclophosphamide 150 mg, VCR 30 mg, Doxorubicine 30 mg et Carboplatine 80 mg. Les associations d’aide aux malades ne savent plus à quel saint se vouer devant de telles situations dramatiques et graves. Pour l’Alliance des associations d’aide aux cancéreux où siègent 11 associations d’aide aux malades cancéreux, l’heure est grave. «Le ministre de la Santé a promis de régler la pénurie de médicaments.

Nous avons cru en lui quand il a dit qu’il n’y aurait plus un seul patient qui ne sera pas soigné ! L’intervention du chef du gouvernement nous avait aussi redonné cet espoir que la lutte sera désormais collective à toutes les sphères de la nation algérienne. Des sommes d’argent ont été débloquées, des millions de dinars, pour les médicaments, des facilités administratives ont été faites, un rapport mensuel sur la situation du médicament a été exigé du ministre en charge de la santé des Algériens, en vain.»

Mais, poursuit l’Alliance des associations, «quelle ne fut notre déception, quel ne fut notre désespoir, de voir nos pharmacies et nos hôpitaux retomber vite dans la pénurie. Et cette fois, une pénurie suraiguë, car aujourd’hui ce ne sont plus les produits dits chers, mais la chimiothérapie de base qui manque totalement dans nos hôpitaux.» L’Alliance des associations demande ainsi l’intervention des plus hautes autorités du pays avant que le drame n’atteigne d’autres proportions au point d’«user d’acte suicidaire» par les malades.

Djamila Kourta