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Revue de presse

Pr Kamel Sanhadji à Liberté : les greffes d’organes incompatibles : du rêve à la réalité

Liberté-Algérie | Algérie | 07/02/2012

Prs Kamel Sanhadji et Jean-Louis Touraine, deux éminents chercheurs en immunologie, ont exposé, dernièrement aux États-Unis, des conclusions édifiantes sur le rôle des cellules souches dans la réussite des transplantations d’organes incompatibles.

Liberté : Vous avez présenté, dernièrement aux États-Unis, avec le Professeur Jean-Louis Touraine, une étude sur la tolérance immunologique en matière de greffes. Pouvez-vous nous dire sommairement de quoi il s’agit ?

Pr Sanhadji : Dans le domaine des greffes d’organes, la légende a précédé de beaucoup la réalité. Une réalité qui devient palpable. Du rêve à la réalité, la voie fut longue et semée d’embûches, mais passionnante. D’ailleurs, ce rêve est bien illustré dans le tableau La greffe miraculeuse, du peintre espagnol Fernando del Rincon, représentant les deux frères Saint Côme et Saint Damien, d’origine syrienne, qui pratiquaient la médecine à titre gracieux. D’après la peinture, ils auraient ainsi greffé une jambe d’origine noire chez un receveur blanc.
Il s’agit du défi actuel en matière d’acceptation des greffes entre individus génétiquement différents.

Le tableau ne nous dit pas si la jambe greffée a été acceptée (tolérée) ou bien rejetée ! Cette légende a nourri l’imaginaire des hommes, les poussant à faire des conquêtes scientifiques. En effet, en matière de transplantation, la difficulté ne réside pas dans le geste chirurgical car la technique s’apprend. Le problème réside dans la non-acceptation du greffon (sauf en cas de parfaite compatibilité entre le donneur d’organe et le receveur de la greffe, ce qui est le cas des vrais jumeaux) par l’organisme receveur, aboutissant à un rejet.

C’est le système immunitaire (système assurant les défenses de l’organisme contre les infections) qui est à l’origine soit d’un rejet, ceci en reconnaissant l’organe ou le tissu greffés comme étant du “non-soi” (car il est génétiquement incompatible), ou le tolérer et l’accepter si l’organe ou le tissu greffé est reconnu comme du “soi” (génétiquement compatible). L’objectif des recherches que nous rapportons avec Jean-Louis Touraine dans la revue américaine Journal of transplantation est axé sur la compréhension du phénomène de la tolérance immunologique et des conditions de son obtention d’une façon définitive. Ces travaux, intitulés Transplantation tolerance induced in humans at fetal or the neonantal stage, apportent une contribution dans l’avancée de la connaissance en matière d’induction d’une tolérance durable d’un organe greffé même en cas d’incompatibilité génétique entre le donneur et le receveur de l’organe. Pour cela, nous avons démontré que les greffes de cellules souches d’origine fœtale, chez les “bébés bulle” c'est-à-dire des enfants atteints de déficits immunitaires sévères (identique à celui qui a touché récemment le petit nourrisson algérien Manil Blidi), se traduisaient par une prise de la greffe et une tolérance définitive. Cette tolérance s’installe grâce à une sécrétion élevée d’un composé cellulaire soluble appelé interleukine-10. La production d’un taux élevé de ce produit cellulaire peut maintenir un état de tolérance durable par rapport à l’organe greffé. Afin de maintenir un état de tolérance définitive, nous avions transféré dans les cellules souches greffées le gène de l’interleukine-10. Ainsi produite en permanence par ce transfert de gène, l’interleukine-10 maintiendra une tolérance et l’organe n’est pas rejeté.

Vous avez démontré que les cellules souches règlent le problème de compatibilité dans le cas d’une transplantation d’organe. Quelle en est l’explication scientifique ?

Les recherches ont montré que les cellules souches, du fait de leur immaturité (cellules jeunes prélevées au niveau de la mœlle osseuse ou du foie fœtal ou du sang de cordon) n’expriment pas leur surface, leur propre “identité”, et ne sont donc pas différenciées et par voie de conséquence ne sont pas rejetées lorsqu’elles sont greffées.

De plus, en les greffant chez des nouveau-nés atteints de déficits immunitaires, elles rétablissent les fonctions de défense et elles sont tolérées définitivement. Nous sommes allés même plus loin en greffant des cellules souches chez des fœtus avant leur naissance (atteints de déficit immunitaire sévère diagnostiqué avant la naissance grâce à des tests génétiques et fonctionnels). Une greffe intra-utérine, guidée par voie échographique, de cellules souches chez une femme porteuse d’un bébé atteint de déficit immunitaire se traduit par une prise de greffe meilleure et rapide, évitant ainsi au nourrisson un long séjour en bulle stérile (pour lui faire éviter les problèmes infectieux).
En résumé, la compréhension des mécanismes immunologiques de la tolérance de la grossesse pendant 9 mois de gestation (car la moitié des gènes du bébé est d’origine paternelle et donc incompatible) permettrait de trouver les conditions pour faire tolérer un organe greffé chez l’adulte malgré l’incompatibilité entre donneur et receveur d’organe. Il s’agit d’une belle promesse d’avenir.

Pensez-vous que cette découverte donnera de l’essor à la greffe d’organes, du fait qu’on bannira les risques de rejet ?

Oui. Elle ouvrira même des possibilités beaucoup plus larges dans les domaines de la transplantation. Elle permettra, par exemple, d’apporter les conditions (immunologiques) de faire accepter des greffes spectaculaires comme les récentes greffes réalisées à Lyon de deux mains (chez un patient qui a perdu ses bras lors de l’explosion d’une bombe) ou celles d’une greffe du visage (chez une patiente dont le visage a été détruit par l’attaque d’un chien féroce). Afin de prévenir un tel rejet (des bras ou de la face greffés), il est indispensable de préparer au préalable le receveur en lui greffant d’abord des cellules souches prélevées chez le donneur d’organe.
Ces cellules souches du donneur ainsi greffées vont en quelque sorte préparer le terrain à la greffe d’organe ultérieure (bras ou visage) en installant une tolérance (en créant un “chimérisme”, c'est-à-dire une cohabitation des cellules du donneur avec celles du receveur et de plus en sécrétant de l’interleukine-10).

Où en sont vos recherches dans ce domaine ?

Viser une prise de greffe définitivement tolérée. Et afin de maintenir un état de tolérance définitive, nous avions transféré expérimentalement chez l’animal de laboratoire des cellules souches greffées avec le gène de l’interleukine-10. Ainsi produite en permanence par ce transfert de gène, l’interleukine-10 maintiendra une tolérance et l’organe n’est pas rejeté. L’injection itérative de cellules souches génétiquement modifiées par incorporation du gène de l’interleukine-10 permettra une tolérance définitive du greffon.

Dans un autre registre, la mise en place de tels projets en Algérie est envisageable. Il faudrait d’abord que la “culture” de la recherche scientifique et médicale, avec des projets porteurs et modernes, s’installe sérieusement dans notre pays. Les services publics en charge doivent mener une politique réelle et pratique car la réalité des intentions ne se vérifie que par les actes. La question est donc la suivante : volonté politique réelle ou pas ? Quand il y a volonté, on peut ! À partir de là, il est très facile de mettre en place, ou pas, des infrastructures performantes qui n’auront rien à envier aux pays occidentaux. L’adage dit “Quand on aime, on ne compte pas”. À ce propos, et de plus, le laboratoire de recherches en immunologie, en cours de démarrage, de l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou est en principe pionnier pour prendre en charge cette thématique précise.

Par : Souhila HAMMADI

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