Un projet qui date de 31 ans, c’est le sort de l’Institut
Pasteur d’Algérie dont le lancement, sur le site de Dely Ibrahim,
remonte à l’époque du défunt président Houari
Boumediene. Contre toute attente, le projet sort de l’oubli avec la relance
des travaux, en juillet de l’année dernière, par le ministre
de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière,
M. Amar Tou. La conception de ce projet ambitieux avait démarré
en 1976 avec la défunte Sonatiba (son inscription date de 1975) avant d’être
gelée en 1985, suscitant une grande polémique autour de l’arrêt
des travaux et du budget «boulimique» qu’elle a englouti. Des
équipements importés et abandonnés sur place, un état
des lieux à l’image de la gabegie qui était érigée
en mode de gestion. La visite effectuée par les journalistes hier sur le
site avec le ministre a montré que si sa conception a été
relancée, le projet n’est pas encore à l’état
de nouveau-né. Mais apparemment, le Nouvel Institut Pasteur d’Algérie
(NIPA) est en train de voir le jour.
Le premier responsable du secteur affirme avoir «choisi de prendre l’initiative
de redonner vie à ce projet» plutôt que de se «taire»
comme ses prédécesseurs. «J’étais dans l’obligation
de reprendre ce dossier par une démarche simple : l’évaluation
de l’état des lieux, la récupération du matériel
et la mobilisation des équipes», a-t-il souligné. Toutefois,
le délai de réalisation n’a pas été défini
puisque, selon le ministre, le fonctionnement des différentes structures
intervient au fur et à mesure de leur achèvement. Pour M. Tou, «le
plus important est que les équipements soient trouvés en bon état»,
alors qu’ils ont été importés dans les années
80. Des autoclaves (pour la stérilisation) jusqu’à la faïence
et aux baguettes en aluminium, «tout était stocké dans des
conteneurs». «Nous travaillons avec le matériel disponible
depuis 1985, nous ne sommes pas encore au stade des besoins financiers.»
Les missions arrêtées initialement ont été reprises.
Le Nouvel Institut Pasteur d’Algérie abrite notamment le Centre national
de toxicologie, le Centre national de pharmaco-vigilance et le Laboratoire de
contrôle des produits biologiques qui est opérationnel. Il devra
assurer les fonctions liées au diagnostic, à la formation et à
la recherche en microbiologie et en immunologie, à la production, au contrôle
et à la distribution des sérums antivenimeux, des vaccins (antirabiques,
anti-choléra, anti-vipérin et anti-scorpionnique) et des produits
biologiques de diagnostic. Il est également prévu la production
du vaccin contre l’hépatite B dans le cadre de la coopération
algéro-cubaine, ainsi que le conditionnement du vaccin anti-grippal et
la production du vaccin cellulaire anti-rabique, pour lesquels des discussions
sont en cours entre l’Institut Pasteur d’Algérie et SANOFI
Pasteur – France.
Rachida Merkouche