La recherche clinique est une activité médicale visant à améliorer la connaissance soit d’une maladie soit d’une thérapeutique. La recherche clinique concerne l’être humain. Il s’agit d’une recherche effectuée chez l’homme malade ou non, dont la finalité est l’amélioration de la santé humaine et le progrès des techniques de soins dans le respect de la personnalité et de l’intégrité de chaque individu. La recherche clinique est centrée sur l’hôpital et gérée par lui. Elle constitue une recherche au lit du patient qui vient en complément des recherches institutionnelles, fondamentales ou expérimentales.

Quel est l’intérêt d’une étude clinique pour le patient et pour la recherche ?

L’objectif d’une étude clinique est de promouvoir les soins reposant sur les meilleures preuves ou les meilleurs faits disponibles. Le but est également d’encourager les praticiens à acquérir des compétences au niveau de l’obtention, de l’évaluation et de l’intégration des faits dans la pratique clinique quotidienne. Il faut savoir que l’essai clinique est aujourd’hui la seule méthode objective pour se forger une opinion sur l’efficacité et la sécurité d’un médicament.

Quels sont les grands types de recherche ?

Les grands types de recherche sont le dépistage, l’étiologie, la thérapeutique, le diagnostic et le pronostic. Ainsi, le dépistage permet d’estimer la valeur d’un test qui peut être appliqué à une vaste population et qui détecte une maladie à un stade pré- symptomatique. De son côté, l’étiologie vise à démontrer si un agent présumé pathogène, une pollution environnementale par exemple, est effectivement impliqué dans la survenue d’une maladie. L’essai thérapeutique tend à mesurer l’efficacité d’un médicament, d’une intervention chirurgicale, d’une nouvelle méthode d’éducation des patients ou de toute autre procédure. Le diagnostic montre si un nouveau test diagnostique est valide, (peut-on lui faire confiance ?) et fiable (fournit-il les mêmes résultats lorsqu’on le répète ?). Par ailleurs, le pronostic permet de prévoir comment évoluera une maladie diagnostiquée chez un individu à un stage précoce.

Les études cliniques sont encore au stade des balbutiements en Algérie ; pourquoi, selon vous ?

Pour faire des études cliniques, il faut des questions de recherche, des institutions et ou des laboratoires, des équipes de recherche compétentes et des financements. Les premiers textes sur les études cliniques en Algérie sont apparus en 2006 et sont au niveau d’arrêtés et non de décrets ou de lois. Ce qui laisse sous- entendre que les règles et procédures d’accréditation des études cliniques sont peu ou pas connues par les chercheurs potentiels. Comme ces études concernent l’homme, elles ne peuvent être menées en dehors de la loi et des principes éthiques. D’autre part, il faut savoir que la recherche clinique n’est pas plus avancée que toute la recherche en Algérie mais que de gros efforts sont faits actuellement. La question qui, me semble t-il, doit retenir l’attention et pour laquelle des efforts doivent être fournis est inéluctablement la question de la formation à la recherche. On ne naît pas chercheur, un enseignant universitaire n’est pas forcément chercheur. Non seulement il faut être formé mais il faut aussi acquérir des compétences et de l’expérience. Il faut également des structures qui permettent de faire de la recherche à temps plein, car on ne fait pas de la recherche à mi- temps ou à l’occasion. C’est dans le cadre de cette problématique que nous (faculté de médecine d’Oran) tentons depuis 20 ans de faire de la formation continue à la recherche afin de contribuer à créer un pool de compétences dans le domaine.

Parlez-nous des formations initiées à la faculté de médecine d’Oran.

A vrai dire, la formation requiert une importance capitale. C’est dans ce sens que nous avons lancé, depuis 20 ans, un certain nombre de formations spécifiques. Je citerai notamment le Certificat d’Etudes Supérieures (CES) en Biostatistique qui se déroule en 18 mois et qui est sanctionné par un diplôme national. Nous en sommes à la sixième édition. Nous avons aussi lancé le cours international d’épidémiologie et de biostatistique – CEBIO - d’une durée de deux semaines ( il a lieu chaque année). Nous avons organisé 19 sessions à ce jour. Il y a lieu de noter que des médecins chercheurs d’Algérie et d’autres pays d’Afrique participent à ce cours. Ainsi, des participants issus de 14 pays africains sont déjà venus en Algérie pour suivre cette formation. Autres types de formations : la formation à la recherche clinique et la formation à l’informatique médicale et au traitement informatique des données.

Propos recueillis par Amel Bouakba