Dr Arezki Sik : L’hypertension est l’un des principaux facteurs de risque associés au développement des maladies cardio-vasculaires, de crises cardiaques et d’autres problèmes de santé majeurs. Cette pathologie touche 35% de la population algérienne selon l’enquête nationale réalisée par la Société algérienne de l’hypertension artérielle (Saha). De nos jours, on constata que l’hypertension touche des populations de plus en plus jeunes. Le surpoids, la consommation trop élevée de sel, une consommation excessive d’alcool, le tabagisme, l’inactivité physique et le stress sont les principaux facteurs qui favorisent l’hypertension artérielle. Ainsi, une tension plus élevée a surtout été constatée chez les jeunes sédentaires qui consomment beaucoup de sel, qui sont en surpoids ou obèses.

Quels sont les premiers signes d’une HTA ?

L’HTA est généralement asymptomatique et peut facilement passer inaperçue. Cette maladie est souvent découverte fortuitement lors d’un examen de dépistage. Bien souvent, l’hypertendu ne sait même pas qu’il l’est. Ce qui est d’autant plus grave. Car un hypertendu qui s’ignore, ne se soigne pas. Or, l’hypertension doit être soignée afin de réduire, notamment le risque de maladies cardiovasculaires. Les traitements existent et la prévention, à travers une hygiène de vie saine, est également efficace pour réduire la fréquence de cette maladie dévastatrice. Il faut dire, par ailleurs, que bien qu’elle soit souvent «silencieuse», l’HTA peut se manifester dans le cas d’une pression sanguine très élevée (stade modéré ou avancé), par des maux de tête accompagnés de fatigue (ces maux de tête sont localisés à la nuque et se manifestent très tôt le matin); des vertiges ou des bourdonnements d’oreilles; des palpitations; des saignements de nez; de la confusion ou de la somnolence; des engourdissements ou des fourmillements dans les pieds et les mains.

Quelles sont les complications de l’HTA ?

A court terme, le principal risque est l’apparition d’une crise aiguë hypertensive, correspondant à l’apparition brutale d’une hypertension artérielle très élevée.Les symptômes seront essentiellement neurologiques et y associent des maux de tête très violents, des vomissements. A l’état extrême, une perte de connaissance, des convulsions où le coma peut survenir, de même qu’une hémorragie dans le cerveau. De même, l’hypertension artérielle sévère peut entraîner l’œdème aigu du poumon (OAP), qui gène énormément la respiration. A long terme, les complications sont cardio-vasculaires, en particulier au niveau des artères du cerveau. En effet, l’hypertension artérielle induit souvent des lésions au niveau des artères du cerveau et constitue le principal facteur de risque pour les accidents vasculaires cérébraux. Elle est également responsable de complications cardiaques et rénales pouvant menacer la vie de l’hypertendu.

Comment doit-on prendre en charge cette maladie, sachant que beaucoup de personnes la négligent ?

Il n’y a pas de traitement qui permette de guérir définitivement l’hypertension artérielle. Le traitement a pour but de faire baisser la pression sanguine pour prévenir d’éventuels dommages aux organes comme le cœur, le cerveau, les reins et les yeux. Lorsque ces organes sont déjà atteints, le traitement de l’hypertension artérielle s’impose. Chez les diabétiques, le traitement est imminent, car le risque de complications est accru. L’hypertension non traitée abîme le cœur et d’autres organes et cela peut conduire à des affections potentiellement mortelles telles que les maladies cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux et les maladies rénales. On appelle d’ailleurs l’HTA «le tueur silencieux» parce que ses symptômes apparaissent généralement seulement après que la maladie eut causée des dommages aux organes vitaux. Plusieurs types de médicaments, obtenus sur ordonnance, peuvent assurer un contrôle adéquat de l’hypertension artérielle. Et l’hygiène de vie est toute aussi importante. Ainsi, adopter un mode de vie sain et actif est fondamental pour prévenir cette pathologie. Dans ce cas, il est recommandé de limiter les apports en sel, surveiller son poids et lutter contre le surpoids par un régime alimentaire pauvre en graisses et en sucres et faire du sport. Il est aussi fortement conseillé de bannir la consommation d’alcool, d’éviter le stress et de faire mesurer régulièrement sa tension par un médecin ou un pharmacien.

Quelles sont les HTA nécessitant une prise en charge immédiate ?

Les urgences hypertensives, (augmentation aiguë et brutale des chiffres tensionnels, associée à des signes cliniques de souffrance viscérale) nécessitent une prise en charge immédiate. Le traitement se fait en général par voie parentérale en milieu hospitalier.

Quels sont les risques d’une tension élevée pour les malades chroniques et les femmes enceintes ?

Il faut savoir que près de 10% des femmes enceintes souffrent d’hypertension artérielle pendant la grossesse. L’HTA durant la grossesse ou HTA gravidique est la première cause de mortalité maternelle. Ainsi, il faut dépister l’HTA chez les femmes enceintes et la traiter énergiquement pour réduire les complications maternelles et fœtales. Dans l’HTA du sujet âgé, il faut tenir compte des comorbidités. Dans cette population fragile, le maître mot sera le raisonnement au cas par cas en fonction des comorbidités. Il est bon de signaler, en outre, que l’hypertension artérielle rend le pronostic global encore plus défavorable.

Comme pour le diabète, il n y a pas de programme national de prévention de l’HTA en Algérie... Qu’en pensez-vous ?

Indéniablement, la prévention et le contrôle de l’hypertension artérielle auraient des répercussions considérables sur la santé et la qualité de vie, de même que sur le taux de mortalité des Algériens. Ils permettraient également de réduire les dépenses engagées pour soigner les malades. J’estime qu’il est nécessaire que des mesures soient prises pour promouvoir la santé et faire en sorte que les ressources débloquées permettent d’obtenir une réduction optimale de la mortalité et de la morbidité dues à l’hypertension artérielle de l’ensemble de la population.

Amel Bouakba