Le malade n’a plus de sensibilité au niveau du pied, ne ressentant plus ni blessure ni brûlure... «Le danger chez les diabétiques, c’est de continuer à marcher sur une blessure sans s’en rendre compte. La cicatrisation est d’autant plus difficile. Résultat : les blessures mettront plus de temps à guérir et seront plus sujettes à s’infecter, ce qui peut entraîner l’amputation», explique un spécialiste. Or, la majorité de ces problèmes peuvent être évitées si des mesures préventives concernant l’hygiène des pieds sont scrupuleusement suivies. En effet, en prenant soin des pieds, les complications les plus graves associées au diabète peuvent être évitées. «Un bon chaussage reste l’une des recommandations primordiales», estime le docteur Samir Aouiche, du service de diabétologie du CHU Mustapha Pacha.

Selon lui, «le mauvais chaussage est la source de 20% des lésions du pied du diabétique». «Savoir choisir sa chaussure, c’est prévenir les plaies de pied, une question capitale pour le diabétique», recommande-t-il. De même qu’il alerte sur la qualité de la chaussure chinoise «bon marché», vendue à prix dérisoire et qui est à l’origine de traumatismes de pied. De nombreux patients ont été victimes de ces produits chinois vendus à bas prix mais constituant un vrai danger pour la santé», explique le diabétologue, pour qui «les pouvoirs publics doivent intervenir pour interdire ces chaussures sur le marché». «La chaussure étant une cause principale de plaie chez le diabétique, elle est donc une des clés de la prévention, souligne-t-il, ajoutant que le patient diabétique doit porter une attention particulière à ses pieds tout en pratiquant une bonne hygiène de vie.

Par ailleurs, celui-ci déplore l’absence de sensibilisation au pied du diabétique ainsi que le manque de prise en charge pluridisciplinaire de l’une des complications les plus impressionnantes du diabète pouvant aller jusqu’à l’amputation. Selon lui, «le médecin doit systématiquement consulter les pieds du diabétique, ce qui n’est pas le cas, malheureusement», dit-il. Le docteur Aouiche, qui est à la tête du projet pied du diabétique, insiste sur la nécessité de créer une unité du pied dans chaque hôpital et appelle à la formation de podologues en Algérie. Ce diabétologue souligne, par ailleurs, qu’il y a des recommandations en or que le diabétique doit suivre à la lettre. Il est capital de prendre ses précautions et d’éviter toute lésion, aussi minime soit-elle. La vigilance doit être donc de mise. «Lorsqu’on a des pieds à risque, il est important d’avoir une hygiène de pieds irréprochable et de se protéger avec des chaussures et chaussettes appropriées», ajoute encore le Dr Aouiche, proposant que «les chaussures dites médicales ou pour pieds sensibles soient l’objet d’un remboursement par la Sécurité sociale, comme c’est le cas en France».

Par Amel Bouakba