Médecins et chirurgiens ont vivement plaidé, lors de la conférence nationale sur la prise en charge de la maladie rénale chronique et ses complications tenue jeudi dernier à l’INSP de Ben Aknoun, à l’occasion de la Journée mondiale du rein célébrée le 10 mars de chaque année, pour l’intérêt de la création d’une agence nationale de transplantation d’organes.

Un projet annoncé depuis des années et qui verra tout prochainement. Sur cette question, le professeur Rayane, Président de la Société Algérienne de Néphrologie, Dialyse et Transplantation (SANDT) a affirmé que «l’Algérie est en mesure de développer la transplantation d’organes grâce à ses compétences scientifiques et à la coopération du corps médical spécialisé dans ce domaine». Cette agence aura pour mission, de suivre, d’évaluer et de contrôler les activités thérapeutiques et de promouvoir le don d’organes. Il a estimé dans ce sens que la transplantation d’organes qui doit impliquer tous les professionnels de la santé exigeait un cadre organisationnel et un encadrement humain important rappelant que chaque don et transplantation réussis permettent de sauver une vie humaine.

Sur le plan quantitatif, le Professeur Rayane estime que "Cent greffes seulement sont effectuées par an" tout en insistant sur la nécessité de multiplier les interventions chirurgicales, en vue de réduire la liste d'attente et atténuer la souffrance des malades.
Pour sa part le Professeur Benabadji a noté que la greffe rénale n'affecte pas la vie du donneur qui, a-t-il affirmé, "vit 2 ans et demi de plus qu'une personne qui n'a pas donné de rein", selon les statistiques. Evoquant les efforts déployés par l'état pour la prise en charge des malades, il a indiqué qu'il existe 270 centres d'hémodialyse en 2011, contre 2 centres seulement en 1978.

Les spécialistes n’ont pas manqué de mettre l'accent sur l'importance du dépistage dans le cadre de la médecine scolaire et celle inhérente au monde du travail. Le dépistage permet de "détecter" précocement la maladie et d'"empêcher" son évolution, ont-t-ils souligné.
Ils ont également exprimé dans ce cadre, leur espoir quant à la nouvelle loi sur la santé (en cours d'élaboration) comportant des dispositions susceptibles de "développer la greffe d'organes prélevés sur cadavres".

Ils ont plaidé pour l'intensification des campagnes visant à sensibiliser les familles à accepter le prélèvement d'organes, après le décès d'un proche, soulignant la nécessité de préparer les services sanitaires en la matière.

Ils ont en parallèle appelé à élargir le cercle des dons qui se limite, actuellement, aux proches de premier degré.

Parmi les facteurs favorisant l'insuffisance rénale chronique, le Pr Rayan a cité l'hypertension artérielle, les complications cardiaques (30 %), les maladies héréditaires (10 %), les maladies contagieuses, les malformations congénitales du rein non corrigées chez l'enfant, le diabète de types 1 et 2.

Il y a lieu de rappeler que la journée mondiale du rein est célébrée cette année sous le slogan "Soignons nos reins pour sauver notre cœur". Sur cette question le Pr Rayane indique que les personnes touchées par une insuffisance rénale présentent un risque accru de maladies cardiovasculaires, ces dernières constituant la première cause de mortalité dans le monde.
Le risque de développer une maladie cardiovasculaire est d'environ 45 % chez les patients touchés par une défaillance moyenne de l'activité rénale, précise-t-il. Et d’ajouter "le cœur et le rein sont deux organes intimement liés. Une meilleure surveillance du fonctionnement des reins permet de mettre en évidence un problème cardiovasculaire ».

Selon lui, 3 millions de personnes en Algérie présentent un risque rénal, précisant que cela ne veut pas dire qu'elles étaient atteintes de la maladie mais qu'elles risquaient d'être atteintes à l'avenir.

Pour ce spécialiste, les bilans, pour la population à risque, sont d'une "importance capitale" dans la mesure où ceux-ci, outre les complications cardiovasculaires, renseignent le médecin sur d'autres pathologies dont le malade est atteint. "Les hypertendus, les diabétiques, les personnes présentant des infections urinaires à répétition ou ayant des calculs dans les reins ainsi que les prématurés qui doivent effectuer deux bilans par an à l’âge adulte car il y a de très grandes chances de développer une insuffisance rénale chronique (IRC).

Sarah SOFI