De l’extérieur, celui-ci fait naître une certaine appréhension chez ses visiteurs, surtout qu’une grande partie de sa structure est toujours en préfabriqué léger, contrairement à d’autres services où le marbre, la dalle de sol et la vitrerie de haute qualité suscitent l’attention des visiteurs.La plupart des membres des corps médical et paramédical de ce service sont jeunes mais pleins de prouesses. En fait, ce service opérationnel depuis 1988 remplace le minuscule service qui existait à l’hôpital civil où de simples interventions étaient assurées. L’actuel chef de service, le Dr Toufik Hamchi, a bien voulu nous parler de son service, mais aussi des réalisations qui ont été faites. A travers les explications, on a compris que cette spécialité relève en très grande partie des équipements. A travers notre visite, nous avons appris que ces dernières années, l’ophtalmologie est pourvoyeuse de matériel médical et du consommable, c’est lourd au plan financier pour le Trésor public. Cependant, nous dit-on, l’appareil oculaire est très important dont l’organisme s’est développé à un rythme soutenu.

En dépit de son exiguïté, le service est formé de trois parties, chacune constituée d’un certain nombre d’unités. Ainsi, la première partie regroupe l’unité de consultation, un service d’exploration et le bloc externe. La seconde unité qui concerne l’hospitalisation est formée de 24 lits associés à 12 lits pour les urgences. La troisième partie est constituée du bloc central qui comporte deux salles opératoires et une salle de réveil. Si, durant plusieurs années, le service d’ophtalmologie a fonctionné avec cinq spécialistes seulement, aujourd’hui, avec la compréhension des autorités compétentes et la formation acquise par certains spécialistes, le service fonctionne avec onze médecins spécialistes et huit généralistes qui ont pour mission de préparer le travail aux spécialistes à travers les consultations des patients. Au regard des statistiques relevées au cours de l’année écoulée, on retiendra que plus de 7 000 malades sont passés par le service des consultations, plus de 7 000 pour ceux enregistrés dans le cadre de l’urgence ; il y a eu quelque 480 interventions chirurgicales et près d’un millier pour la petite chirurgie et les explorations chirurgicales.

Compte tenu de l’ampleur des activités que le service a enregistrées ces dernières années, l’administration du CHU a doté ce service, voilà trois années, d’un microscope opératoire qui facilite les opérations fort délicates, d’un laser Yag pour les complications des opacifications du cristallin. Mais, malgré ces équipements, le service attend d’autres matériels qui pourraient faciliter le travail aux équipes médicales. Dans ce contexte, on nous apprend qu’outre la prise en charge des malades le service assure la formation des résidents pour la spécialisation en ophtalmologie, ainsi que des médecins généralistes qui ont un module dans cette spécialité. A voir les patients de différents âges attendre leur tour pour être examinés, nous imaginons cette vie en noir, cette méconnaissance de couleurs et de formes, cette sensation d’impuissance que ressentent les non-voyants, comme l’a si bien décrit le défunt Abderrahmane Azziz dans sa mélodie. Au cours de ces dernières années, la science s’est penchée sur la cécité et beaucoup de personnes ont pu recouvrer la vue et la vie après une opération faite par des spécialistes dont le but principal est justement d’aider ces pauvres gens à voir de nouveau. Le Dr Toufik Hamchi, chef du service d’ophtalmologie du CHU Frantz-Fanon, comme d’ailleurs le Dr. Kamel Boudjelida que nous avons rencontré lors de notre visite sont de ceux-là et, à voir leur comportement vis-à-vis des malades, nous avons compris que c’est ce genre d’hommes qui se sacrifient pour le bien-être des malades.

S’agissant des opérations de la cataracte, nous avons appris que les malades trouvaient toute la compréhension du staff médical et paramédical en place, ce qui d’ailleurs incite des malades de plusieurs wilayas du pays à venir dans cet établissement de santé publique. Par contre, le problème reste entier pour la greffe de la cornée par manque de donneurs et l’absence d’une banque de cornées en Algérie quoique 200 greffes en moins de deux ans (entre 2007 à 2009) aient été réalisées sur des malades originaires de plus de 25 wilayas, mais les greffons avaient été importés des Etats-Unis. On a appris qu’un lot de greffons vient d’être réceptionné, ce qui permettra à plus de 150 patients de bénéficier de cette technique. Le Dr Hamchi n’a pas manqué de saisir la présence des journalistes pour rappeler que, si, ces dernières années, cette spécialité a attiré de nombreux jeunes médecins, l’honneur revient aux professeurs qui n’ont ménagé aucun effort pour leur transmettre leur savoir.

El Hadj Ahmed