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El Moudjahid | Algérie | 03/10/2006
Lors d’une naissance difficile quand la tête du bébé
reste bloquée, faute de césarienne et d’accès à
des services d’urgence, le travail de l’accouchement peut se prolonger
quatre à cinq jours pour les femmes des pays pauvres privées de
soins.
"Imagine-t-on, ce que cela signifie d’être en travail pendant
cinq jours, avec la douleur, l’épuisement, en sachant que votre
bébé est déjà mort et que vous allez mourir bientôt
parce que l’hôpital où une césarienne pourrait être
faite est hors d’atteinte physiquement, financièrement ou socialement
?", interroge-t-il.
Les parois "du vagin, de la vessie et du rectum de la mère se retrouvent
comprimées entre la tête du foetus et les os du bassin maternel
lors des contractions de l’utérus", explique-t-il. La circulation
sanguine diminue puis s’interrompit dans les tissus maternels comprimés,
entraînant leur destruction partielle, tandis que le foetus meurt asphyxié.
Un ou deux jours plus tard, la mère pourra expulser l’enfant
mort, mais une fois les tissus nécrosés éliminés
elle souffrira d’une fistule, sorte de canal ou de trou faisant communiquer
vagin et vessie, voire parfois vagin et rectum.
Les cas où la tête du fœtus est trop grosse pour passer dans
le bassin étroit de la mère sont "particulièrement
fréquents dans les régions du monde où les filles souffrent
de malnutrition durant leur croissance, se marient tôt, et tombent enceinte
avant que leur bassin ait fini de se développer", souligne le Dr
Wall.
Si la femme victime d’une fistule se présente dans un centre de soins moins de trois mois après l’accouchement, drainer la vessie grâce à une sonde urinaire peut permettre à une fistule de se refermer spontanément, surtout si elle est petite, précise-t-il. Une intervention chirurgicale peut fermer la fistule dans 80 à 95% des cas, mais même en cas de réparation réussie, de 16% à 32% restent incontinentes, explique-t-il.
"Au lieu de profiter des joies d’une première maternité,
un grand nombre de jeunes femmes deviennent socialement des parias, chaque année",
divorcées ou abandonnées par leur mari voire rejetées par
leur famille, poursuit-il.
Dans certaines communautés, leur incontinence peut être vue "comme
une punition de Dieu pour une mauvaise conduite sexuelle ou une forme de maladie
vénérienne", note-t-il. Lewis Woll appelle à placer
ce problème au rang des priorités internationales de santé,
jugeant que "c’est une honte pour la communauté médicale"
que les fistules "continuent de ruiner la vie de dizaines, voire de centaines
de milliers de jeunes femmes chaque année".
A l’image du Fistula hospital d’Addis Abeba qui a déjà opéré plus de 25.000 femmes, environ 1.200 par an, il faut, selon le Dr Wall, développer d’autres centres spécialisés dans les pays les plus touchés.
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