Les greffes d’organes ont connu un essor depuis quelques années. Malgré ces progrès, le nombre de malades en attente ne cesse d’augmenter. Ainsi, pour l’insuffisance rénale chronique, six mille Algérien sont en attente d’une greffe et 4500 nouveaux cas sont enregistrés annuellement. Les dons enregistrés jusqu’à présent ont été faits par des parents, conformément à la loi en vigueur, et seuls six prélèvements cadavériques ont été effectués à Constantine en 2002. Depuis, cette activité a été gelée. Le décalage entre le nombre de patients ayant eu besoin d’une greffe (6000) et le nombre de greffes réalisées (500) reste important. Le point a été fait, jeudi dernier, par les représentants de la société algérienne de néphrologie, dialyse et transplantation (Sandt), à l’issue des cinq transplantations rénales effectuées bénévolement par le Pr Jean Paul Squifflet, avec l’aide d’une équipe de chirurgiens algériens, au CHU Issad Hassani de Beni Messous sur des malades âgés entre 5 et 23 ans.

Il s’agit d’enfants souffrant de malformations compliquées des voies urinaires et de la vessie. Ces malades étaient sous dialyse péritonéale. Le Pr Squifflet est intervenu dans le cadre d’une coopération entre des associations médicales algéro-belges afin de mettre son expérience au service des équipes algériennes sachant qu’il a, à son actif, plus de 2000 transplantations en Belgique et ailleurs dans le monde. La coopération sera également renforcée pour justement développer dans les prochains mois le prélèvement d’organes sur cadavre. Les cinq greffes de rein ont été effectuées avec succès au cours de la semaine dernière.

Les enfants greffés sont venus de différentes régions du pays, notamment du sud, et ont reçu des reins de donneurs vivants (parents et proches). Selon le Pr Mohamed Benabadji, chef du service néphrologie au CHU Beni Messous, 12 couples (donneurs-receveurs) sont programmés pour être greffés par le professeur belge durant les tout prochains jours, ajoutant qu’une centaine d’autres couples sont déjà explorés en attendant leur greffe. « Notre objectif est d’arriver à faire plus de 1200 greffes par an », a-t-il indiqué, précisant que cet objectif ne peut être atteint qu’avec le prélèvement sur cadavre (état de mort cérébrale).

Ce prélèvement sur cadavre, a expliqué pour sa part le Pr Tahar Rayane, président de la Snadt, nécessite une « grande campagne d’information et de sensibilisation auprès de la population » pour répondre à la demande des 6000 patients en attente d’être greffés, en faisant référence à la carte de dons ou de refus de dons que doivent remplir l’ensemble des citoyens. « La loi algérienne stipule que le citoyen doit se prononcer avant sa mort, mais il n’a jamais été interrogé sur cette question. Et c’est dans l’objectif de combler cette faille que nous avons élaboré des spécimens de carte de dons d’organes ou de refus de dons. »

Par Djamila Kourta