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El Moudjahid | Algérie | 02/09/2006
Cette "stratégie du cheval de Troie" dont se sert le parasite, à l’origine d’au moins 500 millions de cas de paludisme et d’un million de décès par an dans le monde, a pu être mis en évidence grâce à l’imagerie in vivo permettant de le suivre, par fluorescence, en temps réel dans l’organisme de rongeurs, selon les chercheurs.
La façon dont le parasite, transmis par piqûre de moustique, échappe au système immunitaire de l’organisme lors de cette étape cruciale, la sortie du foie, restait un mystère que l’équipe de Robert Ménard, chef de l’unité de Biologie et génétique du paludisme de l’Institut Pasteur, en collaboration avec des chercheurs de l’Institut de médecine tropicale Bernhard Nocht à Hambourg, vient de lever. La première étape du cycle de vie du parasite se situe dans le foie. Après la piqûre du moustique, le parasite (sous forme de "sporozoïte") gagne cet organe par la circulation sanguine, et se différencie dans les cellules du foie pour prendre sa forme invasive, appelée "mérozoïte". C’est cette forme du parasite qui envahira les globules rouges, à la suite de quoi apparaîtront les symptômes de la maladie.
Les chercheurs ont observé que les cellules du foie infectées
- chacune contenant quelque 10.000 mérozoïtes, la forme envahissante
du parasite - se mettaient à bourgeonner pour former des structures constituant
de véritables chevaux de Troie.
Ces structures, nommées "mérosomes" par les chercheurs,
bourrées de parasites, gagnent "incognito" la circulation sanguine
en réussissant à échapper aux nombreuses cellules de défense,
notamment aux macrophages/éboueurs qui patrouillent dans le foie.
Les parasites semblent capables à la fois de guider leur véhicule
et de le dissimuler aux yeux des troupes de défense.
L’enveloppe de ces structures/chevaux de Troie, fabriquée à
partir de cellules de foie mortes, devrait normalement lancer un signal du type
"mange-moi" aux nettoyeurs de la défense. Ce signal qui normalement
conduit les macrophages/éboueurs à engloutir toute cellule à
éliminer, n’est plus émis, grâce à des modifications
biochimiques induites par le parasite.
Selon les chercheurs, la mise au jour de ces mécanismes offre de nouvelles
cibles thérapeutiques, d’autant plus intéressantes qu’elles
se situent avant le stade pathogène de l’action parasitaire (l’invasion
des globules rouges).
Pour Robert Ménard, l’imagerie in vivo "devrait permettre
à l’avenir, "pour le paludisme comme pour les maladies infectieuses
en général, de mettre le doigt plus rapidement sur des cibles
thérapeutiques nouvelles".
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