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Revue de presse

Le professeur Kamel Sanhadji à la Tribune : «Le manque de transparence est derrière l’échec de l’opération de vaccination»

La Tribune | Algérie | 10/01/2010

La Tribune : Comment expliquez-vous l’ampleur prise par la grippe porcine sachant qu’il ne s’agit pas, là, de la première pandémie qui sévit dans le monde ?

Prof. Kamel Sanhadji : En effet, ce qui trouble les esprits chez la population générale, c’est la succession sans interruption d’un certain nombre d’épidémies pendant les quinze dernières années, à savoir la forme humaine (maladie de Creutzfeldt Jakob) de l’encéphalite spongiforme bovine dite maladie de la vache folle causée par le prion en 1995, le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en 2003, ensuite la grippe aviaire (H5N1) dans sa forme transmissible des oiseaux à l’homme en 1997 et, enfin, la grippe A/H1N1 dite grippe porcine ou grippe mexicaine en 2009. Aussi, les connaissances scientifiques dans tous les domaines ainsi que les performances de la recherche ont connu un développement vertigineux permettant de «pénétrer» dans les micro-organismes, de décortiquer leur fonctionnement et, par voie de conséquence, la possibilité de mettre au point des molécules actives permettant de les combattre. Ce sont ces outils puissants de la recherche qui ont présidé, à chaque fois qu’un microbe essaie de se développer grâce aux phénomènes de mutation, à se tenir en alerte avec toutes les supputations faisant craindre l’émergence d’un nouvel agent pathogène capable probablement de déclencher des épidémies et des pandémies. C’est ce que l’on appelle, en politiquement correct, le principe de précaution que certains pays comme la France ont inscrit récemment dans leur Constitution.

Le Tamiflu est un antiviral qui peut être utilisé, selon l’OMS, à la fois en prévention et en traitement de la grippe porcine. Comment expliquez-vous qu’en Algérie, le Tamiflu ne serait plus systématiquement administré aux malades atteints du virus ?

La molécule d’Oseltamivir ou Tamiflu est un antiviral permettant de bloquer une protéine virale, la neuraminidase, avec laquelle le virus s’attache aux cellules cibles humaines qu’il doit infecter. Ainsi défini, vous comprenez bien qu’il s’agit d’un médicament actif seulement sur le virus. S’il n’y a pas de virus, il n’y a pas de neuraminidase et le Tamiflu restera sans effet. Son action est donc rattachée à la présence préalable du virus grippal. Il n’est administré en principe qu’après infection. Par contre, il peut être donné comme moyen d’appoint chez les personnes qui présentent des risques et pour lesquelles un vaccin ne peut être administré comme chez des nourrissons de moins de 6 mois.
Le Tamiflu pourra éventuellement réduire la charge virale mais sans garantie absolue d’efficacité. L’effet préventif est, donc, très aléatoire. En revanche, chez les personnes atteintes du virus grippal, l’effet du Tamiflu est avéré mais n’éradique pas totalement le virus. Son utilisation ne sera optimale que lorsqu’il est relayé par vaccin.
Le vaccin en induisant une production d’anticorps chez la personne vaccinée prendra le relais et permettra d’éliminer définitivement le virus de l’organisme.

Pour beaucoup, l’hypermédiatisation de la grippe porcine et la psychose suscitée à l’échelle planétaire sont montées par les lobbies pharmaceutiques, de connivence avec l’OMS, pour écouler leurs produits. Que vous inspire cela ?

Rien n’est impossible et il faut effectivement être vigilant. Il y a des lobbies, des intérêts et des enjeux au niveau de tout ce que les «hommes» entreprennent.
La transparence devrait prendre de plus en plus de place dans la société. En effet, devant le principe de précaution qui prend aujourd’hui une place importante en engendrant la peur dans la population générale, les «opportunités» (au sens péjoratif) ont trouvé le «filon» pour s’immiscer dans cette peur en se plaçant comme «pompier» pour éteindre le feu. C’est cela le lobbying. Les pouvoirs publics ne devraient pas faire le jeu de tels groupes de pression et d’intérêt et doivent agir en toute transparence en communiquant grâce à l’expertise des compétences et au courage des politiques.

Comment voyez-vous l’évolution du virus dans le monde ?

Ce virus grippal A est à forte contagiosité mais (heureusement) à faible virulence. Il continuera à se propager dans le monde tant qu’il trouvera du réservoir.
Il s’arrêtera lorsqu’il fera le «plein» (lorsqu’il infectera le maximum de personnes).
L’arrêt de sa propagation sera signé à ce moment-là car les personnes infectées auront développé une immunité contre le virus. Une fois ce point atteint, la pandémie s’éteindra. Il fera partie alors de ce que l’on appelle la grippe saisonnière.
Néanmoins, comme il n’a pas encore fait le plein (car jusqu’à aujourd’hui, il n’a pas énormément infecté de monde et sa diffusion a quelque peu ralenti, marquant ainsi une première vague) et que l’hiver est encore là, il est plus que probable qu’une deuxième vague grippale réapparaîtra fin février ou début mars. Entre-temps, il y aura, comme pour la grippe saisonnière, des cas compliqués aboutissant à des décès. Pour l’essentiel, il faudrait retenir que la grippe saisonnière tue chaque année un nombre non négligeable de personnes dans le monde et paradoxalement on n’en parle pas énormément.
Ce sera le même scénario concernant la grippe A. Elle aura son lot de victimes avant de devenir, à son tour, une grippe saisonnière. C’est pourquoi, la vaccination est indiquée car elle permettra de protéger les personnes et, donc, de réduire la mortalité qui pourrait être la conséquence de cette infection.

Comment se fait la prise en charge des malades contaminés ?

Il faudrait rappeler que, dès l’apparition des premiers cas, les patients ont été orientés par les services des urgences ou par le SAMU vers les services des maladies infectieuses des hôpitaux où ont été appliquées les recommandations nationales : hospitalisation systématique des cas, réalisation d’un prélèvement naso-pharyngé pour diagnostic, traitement antiviral. Ces modalités de prise en charge ont été progressivement allégées selon les consignes nationales, l’hospitalisation étant, désormais, limitée aux cas graves. Le dispositif repose, désormais, sur une prise en charge ambulatoire assurée par la médecine ambulatoire et le nombre de patients reçus dans les hôpitaux reste limité.
L’activité la plus importante concerne les urgences pédiatriques, les femmes enceintes et les personnes fragiles et à risques. La prise en charge médicale des patients contaminés est basée, en général, sur l’administration d’un traitement antiviral d’attaque à base d’oseltamivir (Tamiflu….) pour faire baisser la charge virale, suivie d’une vaccination antigrippe A/H1N1. Évidemment, une prise en charge plus intensive et adaptée sera prodiguée aux patients présentant des complications respiratoires ou autres.

Que pensez-vous de la campagne de vaccination ? Faut-il aller vers la vaccination massive ? Qu’en est-il des élèves ?

Elle a été mal faite un peu partout dans le monde. Elle a péché par la mauvaise communication donnant l’impression d’une non-transparence. Le principe de précaution y est pour beaucoup. Il a été à l’origine d’une précipitation dans les procédés d’identification du virus chez les individus supposés contaminés, dans la mise en place de la production d’antiviraux et, enfin, dans la production du vaccin. Dans toutes ces phases, des «parasitages» non scientifiques ont pu interférer pour des visées, parfois inavouées. Néanmoins, la vaccination reste un bien-fondé car elle permet une protection durable.
Elle aurait dû être mise en place avec plus de sérénité. La vaccination est un acte volontaire. Elle est proposée, et libre à chacun de l’accepter ou de la refuser. Si elle devait être massive, pour des raisons impérieuses, il est du devoir des pouvoirs publics de mettre les moyens matériels et humains pour la mener à bien.
En ce qui concerne les élèves, le choix est le même que pour les adultes. Les élèves doivent être porteurs d’une autorisation parentale attestant que les parents sont informés de la décision de leur enfant d’accepter la vaccination.
En fait, c’est l’élève lui-même qui décide. C’est là aussi que le rôle des parents et de l’école dans l’information objective joue un rôle prépondérant.

Pensez-vous que les catégories à risques doivent se faire vacciner ?

C’est au médecin vaccinateur d’apprécier la situation. Certaines catégories de personnes peuvent être vaccinées et d’autres pas (comme par exemple les personnes très allergiques aux œufs et aux protéines de poulet, car le vaccin est produit sur des œufs de poule). Toutes les situations sont prévues : nourrissons, femmes enceintes, personnes greffées….

Comment expliquez-vous la méfiance des Algériens à l’égard de la vaccination ? On a remarqué qu’une partie du personnel médical rechigne à se faire vacciner… Ne pensez-vous pas que cette situation entraînerait un effet d’hésitation au sein des citoyens et, notamment, des parents d’élèves qui craignent pour leurs enfants ?

Là aussi, c’était mal parti comme dans d’autres pays. La communication a été mal faite. Il fallait réagir en temps réel pour associer la population. Cette dernière est capable de comprendre quand les explications lui sont données. La campagne telle qu’elle a été menée a engendré des doutes et des suspicions. C’est encore plus dramatique lorsqu’on fait partie des pays non avancés sur le plan scientifique et qu’on n’a pas été capable de capitaliser nos acquis de savoir-faire dans ce domaine (et dans d’autres aussi) et qu’on perd forcément. C’est tout cela qui fait qu’effectivement la population hésite et rejette même l’idée de se faire vacciner. Le personnel médical, lui aussi, fait partie du lot. Il est mal informé et il fallait s’attendre à ce qu’il refuse de se faire vacciner. S’il était bien informé, il n’aurait pas à exprimer sa propre conviction (il est libre de se faire ou non vacciner) vis-à-vis des personnes qui viennent se faire vacciner. La vaccination fait partie de son travail et il ne prétend pas donner l’exemple.

Recommandé par l’OMS, le vaccin «Arepanrix» importé par l’Algérie auprès de la filiale canadienne du laboratoire GSK suscite des interrogations, notamment depuis le retrait de lots du même vaccin en France et au Canada… Quel commentaire faites-vous à ce sujet ?

Le vaccin contre le virus A/H1N1 est produit par diverses firmes (GSK, Sanofi, Novartis et Baxter). La firme GSK (Glaxo Smith Kline) fabrique avec le même virus H1N1 (souche A/California/7/2009H1N1) un vaccin appelé «Pandemrix» (produit par GSK en Allemagne) très utilisé en France et un vaccin appelé «Arepanrix» (produit par GSK au Canada) et qui a été importé en Algérie. La différence entre le Pandemrix et l’Arepanrix est basée sur le procédé de fabrication qui n’est pas le même en Allemagne et au Canada à partir d’une souche virale identique.
Le Pandemrix est disponible sous deux formes avec et sans adjuvant (destiné surtout aux femmes enceintes) et il semblerait qu’il n’y ait que la forme avec adjuvant pour l’Arepanrix.
L’adjuvant, appelé AS03, est composé essentiellement de squalène (huile extraite de certains poissons), de tocophérol de polysorbate et d’autres composants chimiques de stabilisation et de conservation du vaccin.
Si c’est le cas, le choix qui serait fait aux femmes enceintes (vaccin sans adjuvant) ne pourrait pas être proposé avec l’Arepanrix.

Le vaccin comporte-t-il un risque ? On parle, notamment, d’apparition du syndrome de Guillain-Barré, ce qui inquiète la population…

Le syndrome de Guillain-Barré (polyradiculonévrite qui est une réaction inflammatoire du système nerveux) peut apparaître lors d’infections avec certains germes en dehors de toute vaccination. Il pourrait aussi apparaître à la suite d’une vaccination avec le même risque. Ce risque est minime. Dans la quasi-totalité des cas, les signes cliniques du Guillain-Barré régressent et disparaissent.

Pouvez-vous nous décrire les effets secondaires induits par ce vaccin ?

En dehors des personnes montrant une hypersensibilité (réaction allergique soudaine et sévère aux œufs, aux produits dérivés et aux protéines de poulet) et chez lesquelles la vaccination contre la grippe A est contre-indiquée, les effets indésirables pouvant survenir à la suite de la vaccination pourraient être les suivants : maux de tête, fatigue, douleur, rougeur, gonflement ou induration au site d’injection, fièvre, douleurs musculaires, douleurs articulaires (très fréquents), chaleur, démangeaisons ou bleu au site d’injection, sueurs, frissons, symptômes pseudo-grippaux, gonflement des ganglions du cou, des aisselles ou de l’aine (fréquents). Enfin, picotements ou engourdissement des mains ou des pieds, somnolence, sensations vertigineuses, diarrhées, vomissements, douleurs abdominales, nausées, démangeaisons, éruption cutanée, malaise, insomnie (peu fréquent).

Quelle est la différence entre le vaccin avec adjuvant et celui sans adjuvant ? La polémique est d’autant plus grandissante sur le vaccin avec adjuvant considéré comme dangereux…

Le rôle de l’adjuvant est double : en renforçant la réponse immunitaire de l’organisme, il permet d’élargir le spectre d’efficacité du vaccin, y compris à l’égard de mutations légères du virus. Il permet également d’obtenir une efficacité équivalente avec une dose antigénique plus faible et, donc, d’accélérer la production des vaccins, ce qui permet de les avoir à disposition au tout début de l’épidémie. Il faut savoir toutefois qu’aucun vaccin n’est employé sans avoir obtenu une autorisation de mise sur le marché. Celle-ci est délivrée par l’agence compétente au vu d’un dossier complet sur les tests d’innocuité et d’efficacité subis par le vaccin. En outre, un programme spécial de pharmaco-vigilance est mis en place pour observer d’éventuels effets nocifs. Compte tenu des techniques de fabrication qui sont très proches, il y a tout lieu de penser que les effets secondaires éventuels devraient être du même ordre que ceux des vaccins de la grippe saisonnière dont on sait qu’ils sont bien tolérés. Les personnes qui se font vacciner reçoivent un document les informant des caractéristiques du vaccin et de la conduite à tenir en cas d’effets secondaires (douleur ou induration au point d’injection, fièvre pendant 48 heures etc.). En général, une seule dose vaccinale est suffisante pour la population générale. Les réponses anticorps (début de protection) apparaissent au bout de deux semaines après la vaccination.Les femmes enceintes reçoivent le vaccin sans adjuvant selon le même schéma. Les enfants entre 6 mois et 9 ans reçoivent une première demi-dose et la deuxième demi-dose trois semaines plus tard. La vaccination n’est pas recommandée pour les nourrissons de moins de 6 mois.

Entretien réalisé par Amel Bouakba

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