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El Watan | Algérie | 21/01/2006 | Lire l'article original
Le ministère de la Santé a adressé, le 3 janvier, une circulaire à l’ensemble des directeurs de la santé, aux chefs des établissements et des secteurs sanitaires pour l’utilisation des produits d’hémodialyse de leur choix, c’est-à-dire le bicarbonate en poudre, bicarbonate liquide et l’acétate. Ce libre choix concerne également l’utilisation du type de générateurs. « Le recours exclusif aux générateurs fonctionnant avec le bicarbonate en poudre, prévu pour janvier 2006, n’est plus d’actualité au regard des dispositions de la présente note », précise la circulaire signée par le directeur de la pharmacie, Ali Maghlaoui, sans aucune autre explication. Cette directive vient de remettre en cause, en fait, toutes les recommandations, émises par les prescripteurs spécialistes, néphrologues notamment, et des experts, retenues lors d’une réunion de travail avec les responsables de la pharmacie, tenue en février 2005. Ces derniers ont insisté sur les risques de contamination encourus par ce produit (bicarbonate liquide) et la nécessité de le faire remplacer par le bicarbonate en poudre. La direction de la pharmacie a ainsi informé, dès mars 2005, le fabricant de bicarbonate en poudre, de mettre sur le marché des cartouches de 700 g pour éviter l’utilisation d’une cartouche pour deux séances, le groupe Saïdal, pour mettre sur le marché, en attendant les bidons de 5 l, et de se préparer pour le passage au bicarbonate en poudre, et a informé l’ensemble des structures sanitaires d’épuiser les stocks d’acétate disponibles. Un séminaire était également prévu pour informer l’ensemble des prescripteurs du passage au bicarbonate en poudre. Les fournisseurs de machines (générateurs) ont été aussi associés afin de contribuer au renouvellement de ce parc.
Les experts et les cliniciens sont unanimes à dire que l’utilisation du bicarbonate en poudre assure une meilleure sécurité des malades et présente beaucoup d’avantages, tels que son stockage et son prix. Les dispositions réglementaires établies et signées par le même responsable sur la base de ces recommandations pour la généralisation de l’utilisation exclusive du bicarbonate en poudre par toutes les structures d’hémodialyse publiques et privées à partir de janvier 2006 viennent d’être annulées par cette même circulaire. D’aucuns s’interrogent sur cette volte-face du département de la santé et sur les motivations de cette décision. Les 38 associations de malades des régions Centre, Est, Ouest et Sud, organisées au sein de la Fédération nationale des insuffisants rénaux, ont vite réagi en adressant une correspondance à Amar Tou dans laquelle elles relèvent « l’impact négatif de l’application de ladite décision ». Les malades rappellent au ministre que « l’acétate a marqué nos corps par des séquelles graves et incurables, ce qui a incité les malades à s’organiser en associations régionales et nationale pour sensibiliser les pouvoirs publics de changer les procédés de traitement par des techniques de dialyse les plus modernes et les moins nocives pour les malades ». Les signataires regrettent que des mesures plus importantes, à savoir la greffe rénale et l’érythropoïétine nécessaires aux malades, n’aient pas retenu l’attention du ministre de la Santé, pourtant si prioritaire par une simple dialyse à l’acétate. Ils regrettent aussi qu’une telle décision ait été prise sans concertation du collège des experts néphrologues et des associations concernées. Ils l’informent que les 8000 malades du territoire national « sont unanimement déterminés à n’accorder aucune concession à un retour vers la dialyse à l’acétate, encore moins au bicarbonate liquide, cause, dans un passé récent, d’une mortalité due à la dégradation inacceptable de leur santé ».
De son côté, le président de la Fédération nationale des insuffisants rénaux et greffés et spécialiste dans les techniques d’épuration, M. Boukheloua, estime que la dialyse à l’acétate est une thérapie révolue et qu’un nouveau protocole de soins a été adopté conformément à l’évolution de la qualité de la prise en charge médicale des malades insuffisants rénaux, et ce à l’échelle mondiale. Il conteste vigoureusement cette décision. « Ce n’est pas au détriment de la santé des malades qu’on va faire des économies », relève-t-il.
Djamila Kourta
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