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Aujourd'hui Le Maroc | Maroc | 24/01/2006 | Lire l'article original
La brûlure est une pathologie fréquente. En effet, au Maroc, les
brûlés représentent 2% des patients qui se présentent
aux Urgences des hôpitaux du Royaume. Adultes, enfants, même à
bas âge, en sont victimes. Si ce sont les flammes qui sont à l'origine
de la majorité des accidents graves des adultes, ce sont les liquides
chauds qui représentent le plus grand danger chez les enfants. Cependant,
le nombre de centres qui prennent en charge les brûlés est insuffisant.
Il est loin de répondre aux besoins des patients notamment ceux qui habitent
dans les petites villes et dans les régions lointaines. Au Maroc, on
compte uniquement trois services dont le service des brûlés et
de chirurgie plastique au Centre Hospitalier Ibn Rochd de Casablanca. Ce centre
est le premier service de brûlés créé dans les années
cinquante.
Les deux autres se trouvent à Rabat à l'hôpital d'instruction
militaire Mohammed V et à Meknès.
"Il est vrai qu'il existe plusieurs problèmes concernant la prise
en charge des brûlés au Maroc. Le nombre des services spécialisés
est insuffisant. Auparavant, il existait quatre centres de brûlés.
Aujourd'hui, le Maroc compte uniquement trois centres. Celui de la polyclinique
CNSS de Casablanca a fermé ses portes. Il y a également un manque
au niveau du personnel soignant.", affirme El Hassan Boukrid, chef de service
des brûlés au CHU de Casablanca.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les besoins du Royaume
en nombre de lits destinés aux brûlés sont de 300. A l'heure
actuelle, le Maroc n'en dispose que d'une cinquantaine ( 12 lits à Casablanca,
16 à Rabat et 16 autres lits à Meknès). "Les chiffres
dont nous disposons aujourd’hui sur la prise en charge des brûlés
au Maroc sont les mêmes chiffres révélés par l'étude
réalisée de 1990 à 1994 pendant une période de 5
ans. Il n'a pas eu grand changement dans les proportions", ajoute Dr. Boukrid.
Il s'agit d'une étude épidémiologique rétrospective
portant sur les brûlés examinés ou hospitalisés dans
les hôpitaux provinciaux du Royaume. Cette étude effectuée
dans 18 provinces a permis de déterminer le nombre des personnes victimes
de cette pathologie, les caractéristiques de la brûlure et la durée
de l'hospitalisation. Et surtout de mettre à nu l'écart qui existe
entre les besoins de la population et l'offre de services des hôpitaux.
De janvier 1990 à1994, l'étude a révélé que
les brûlés ont constitué 2% des patients qui sont présentés
aux Urgences des hôpitaux. Sur les 37 000 brûlés examinés
durant cette période, seuls 4903 ont pu être hospitalisés.
Concernant l'âge des victimes de brûlure, il varie de 1 à 70 ans. Les enfants représentent près de 54% de l'ensemble des brûlés hospitalisés avec une moyenne d'âge de 5 ans. Par ailleurs, selon la même source, la majorité des brûlures étaient survenues à domicile avec un pourcentage de 70% des cas, suivi des bains maures (18%). Les accidents du travail n'ont cependant constitué que 12% des cas. Les brûlures thermiques, essentiellement par flammes et liquides chauds, étaient à la tête des agents causals avec 95% des cas. Ainsi, les brûlures thermiques par flammes (butane, bougie, liquides inflammables) ont été enregistrées chez 53% des cas. "Les flammes du gaz de butane, bouteille de 3 kg, en sont responsables chez 39% des cas et les brûlures par liquides chauds ont été enregistrées chez 40% des victimes.", indique Dr. Boukrid. L'étude a en outre révélé que le taux de mortalité des brûlés était de 12%.
Par ailleurs, un plan national a été élaboré par les médecins du service du CHU de Casablanca dont le but est d'optimiser la prise en charge des brûlés au Maroc. Ce plan national prévoit la création d'un centre national de référence avec une capacité importante et une équipe multidisciplinaire dont des anesthésistes, des chirurgiens et des rééducateurs. Il prévoit également la création des antennes régionales pour prendre en charge les petits brûlés. Les grands brûlés devront ensuite être transférés vers le centre national. Sur le plan national, il s'agit également de mettre en place un programme de prévention destiné au grand public et aux professionnels de la santé. Ce grand projet national tarde à voir le jour. En attendant, les patients continuent à payer un lourd tribut.
Khadija Skalli
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