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Tunisie Industries pharmaceutiques : Défis d’un secteur porteur

La presse | Tunisie | 11/01/2006 | Lire l'article original

Le secteur des industries pharmaceutiques qui compte 27 unités de fabrication, dont une seule est publique, réalise un chiffre d’affaires de 212 millions de dinars, sur des besoins estimés à 464 et emploie 30 agents, dont 30% sont des diplômés de l’université.
C’est un secteur stratégique, à haute technologie et à haute valeur ajoutée, sur lequel l’Etat a misé pour accompagner le développement humain par une production locale des besoins en médicaments. La santé faisant partie des fondamentaux de la Tunisie depuis l’Indépendance.
La discussion avec M. Maher Kamoun, président de la Chambre syndicale des industries pharmaceutiques, dévoile deux grands faits : c’est un secteur qui a connu un essor au cours de ces quinze dernières années et il est exposé à la concurrence internationale, avec l’ouverture des marchés dans le cadre de l’OMC
.

Les chiffres de la direction de la pharmacie et des médicaments relevant du ministère de la Santé publique montrent que les investissements sont passés de 35,3 MD en 1989 à 270 MD en 2003, les importations de 105 MD en 1993 à 252MD en 2004 et la couverture des besoins par la production locale de 42MD à 212MD durant la même période. Le nombre d’unités a également évolué puisqu’il n’était que de 3 au début des années 90.

Facteurs de production
L’évolution est donc nette dans ce secteur, mais les défis pour la prochaine période sont aussi bien importants. Le secteur s’ouvre aujourd’hui sur les marchés extérieurs et cela présente des opportunités d’exportation, bien entendu, mais il ne faut pas oublier que le marché local s’ouvre lui aussi à des produits étrangers. Une question fondamentale se pose donc : dans quelle mesure le produit tunisien est-il compétitif ? Le président du secteur analyse à ce niveau le rapport qualité/prix : «Pour pouvoir vendre, il faut présenter un produit de qualité à un prix minimum», insiste-t-il.
Il s’avère que la production locale est réalisée à partir de matières premières entièrement importées. Aussi, est-il vrai qu’une bonne proportion est fabriquée sous licence. La valeur ajoutée se situe donc au niveau de la main-d’œuvre, et elle n’est pas négligeable : le secteur compte principalement sur les hautes compétences. C’est un secteur qui fait appel à d’autres activités, jouant donc le rôle de moteur économique.
Ce qui est à prendre en considération ici, c’est le coût de la main-d’œuvre. « Il est relativement élevé par rapport à d’autres pays émergents, principalement asiatiques».
Il ne faut pas également oublier les pays concurrents qui n’importent pas la matière première. Ils auront des prix de revient moins élevés.

Dans cet ordre d’idées, M. Kamoun met l’accent sur le coût de la conservation de cette matière première, du moment où il s’agit de produits délicats. Chaque unité doit disposer d’un laboratoire interne d’analyse pour contrôler le produit avant son entrée en usine, pendant son stockage et après sa transformation. A cela, il faut, bien sûr, ajouter le coût du marketing : les délégués médicaux qui nécessitent eux-mêmes un budget que ce soit sur la marché intérieur ou extérieur.
Sur le plan réglementaire, le produit pharmaceutique est soumis à des normes très strictes, que ce soit pour les produits locaux ou importés. Le ministère de la Santé publique a le droit d’effectuer des contrôles sur tout l’itinéraire du médicament, depuis l’importation et même lorsque le produit est sur le marché, tout en passant par la phase de transformation.
«Il suffit de noter sur l’emballage 0,1 au lieu de 0,01 dans la composition d’un produit, pour retirer tout un lot». La santé du citoyen passe en premier, ensuite c’est le marché qui est protégé des produits de mauvaise qualité.
Précisons, enfin, que les normes tunisiennes sont aussi strictes que celles du marché européen.

Lassâad Ben Ahmed

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