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Aujourd'hui Le Maroc | Maroc | 16/01/2006 | Lire l'article original
Un Collectif médical scientifique de sociétés savantes de gynécologie et d'obstétrique a publié récemment à Casablanca un livre blanc axé sur la couverture sanitaire de la femme marocaine. Paru en édition bilingue, français-arabe, afin d'assurer la diffusion la plus large possible auprès de toutes les couches sociales, ce nouvel ouvrage, fruit de travail de sept associations oeuvrant dans le domaine de la gynécologie obstétrique, se veut un éclairage sur la situation sanitaire de la femme et de l'enfant ainsi qu'un plaidoyer pour une couverture médicale moderne et intégrale de la gynécologie obstétrique au Royaume. En premier lieu, les auteurs de ce document attirent l'attention des responsables et des décideurs sur la situation sanitaire de la mère et de l'enfant qualifiée de "critique". Ils relèvent "l'insuffisance de l'Assurance-maladie obligatoire, ainsi que la prise en charge médicale parcellaire des maladies qui affectent la santé de la femme marocaine, et notamment la santé reproductive".
Selon ces spécialistes du secteur privé, les chiffres sont catastrophiques, et ce malgré la politique active du ministère de la Santé et les efforts entrepris dans ce secteur. Le dernier rapport "Enquête de population et de santé familiale (EPSF)"du ministère de tutelle, présenté en septembre 2004 à Rabat, fait état de 227 morts maternelles pour 100 000 naissances vivantes, soit "à peine une diminution de 1 point depuis 1997".
En milieu rural, le taux de mortalité maternelle est plus élevé.
Ces chiffres sont nettement supérieurs par rapport à ceux enregistrés dans les pays voisins du Maghreb.
Procédant par l'exemple, les auteurs de ce livre blanc indiquent qu'en Tunisie, il y a 70 morts maternelles pour 100.000 naissances vivantes.
En somme, une femme décède toutes les six heures au Maroc, suite à des complications liées à la grossesse ou à l'accouchement. "De plus, l'OMS estime que les complications n'aboutissant pas au décès sont globalement 30 fois supérieures à la mortalité. Ainsi, les ruptures utérines et les hémorragies peuvent entraîner des gestes chirurgicaux en urgence, qui tout en préservant la vie des femmes sacrifient leur fécondité (ablation de l’organe reproducteur).
Certaines complications méconnues telles que les fistules et les déchirures, survenant après des accouchements à domicile et parfois dans les maisons d'accouchement, handicapent la femme physiquement et socialement.", soulignent les médecins dans leur ouvrage.
En ce qui concerne la mortalité infantile, elle est évaluée au Maroc à 40 décès pour 1000 naissances vivantes, alors qu'elle est de 5 pour 1000 en Belgique, à titre d'exemple, et de 7 pour 1000 en France.
Par ailleurs, une étude partielle effectuée par le CHU de Rabat a montré que plus de la moitié des accouchements se fait encore à domicile, tandis que seuls 20 % sont réellement "médicalisés". Pour éviter tout risque lié aux complications de l'accouchement, certaines femmes préfèrent mettre au monde leurs bébés dans des cliniques privées dans de meilleures conditions de sécurité.
Cependant, il "subsiste à cela un frein important qui est la prise en charge quasi inexistante des frais inhérents à cet acte par les compagnies d'assurances, qui pour la plupart participent par un forfait "symbolique" à même de décourager beaucoup de femmes et qui les pousse à choisir d'accoucher à domicile ou dans des maisons d'accouchement par manque de moyens", soulignent les auteurs du livre blanc.
"Comment aujourd'hui le groupe d'assurances privées, la Fédération marocaine des sociétés d'assurances et de réassurances (FMSAR), peut-il exclure la prise en charge de la grossesse normale et des fausses-couches qui sont un drame pour les femmes désireuses de procréer ?", s'indignent-ils.
"Certaines assurances excluent de leurs contrats le remboursement de tout bilan et traitement relatifs à la surveillance et le suivi d'une grossesse normale, alors que d'autres plafonnent le remboursement à des montants prédéterminés dans les contrats, et qui sont souvent insuffisants.", ajoutent-ils.
Pour améliorer la situation sanitaire de la femme et de l'enfant, l'ouvrage met en avant plusieurs propositions, notamment l'obligation du suivi parental, par la mise en place d'un carnet de suivi obligatoire de la grossesse. Une mesure qui existe en France depuis 50 ans.
En outre, les auteurs dudit ouvrage insistent sur l'importance d'une couverture médicale moderne et intégrale de la gynécologie obstétrique pour le bien-être de la mère et de l'enfant.
Khadija Skalli
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