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La presse | Tunisie | 26/02/2023 | Lire l'article original
Bien que la greffe d’organes ait enregistré un fléchissement notable pendant la période Covid, cette activité thérapeutique semble avoir repris du poil de la bête, ces deux dernières années. En attestent les récentes opérations de transplantation effectuées au cours de ces deux dernières années et qui ont été auréolées de succès malgré le manque évident de moyens dans les établissements hospitaliers. Pourtant, un principal obstacle demeure, à savoir la réticence des proches des défunts en état de mort encéphalique qui s’opposent au don d’organes, alors qu’il s’agit de la seule chance de sauver des patients d’une mort certaine. Le Dr Jalel Ziadi, directeur général du Centre national pour la promotion et la transplantation d’organes (Cnpto), s’est livré sur les efforts qu’il faudrait entreprendre pour promouvoir cette activité thérapeutique en Tunisie pour permettre à des personnes qui souffrent d’une insuffisance chronique sévère de retrouver un semblant de vie normale. Entretien.
L’activité de transplantation d’organes est une thérapeutique parfaitement maîtrisée en Tunisie. Notre pays fait figure de pionnier dans ce domaine à l’échelle du Maghreb arabe. Comment expliquez-vous cette réussite ?
La Tunisie est pionnière dans la transplantation que ce soit d’organes ou de tissus. Elle a commencé avec les décrets beylicaux qui ont autorisé l’activité de transplantation d’organes. En 1948, la première greffe de cornée a été effectuée par le Pr Hédi Raïes. La première greffe de rein a eu lieu en 1986 à l’Hôpital Charles-Nicolle par le Pr Saadeddine Zmerli et la première transplantation cardiaque a été réalisée en 1993 à l’Hôpital Militaire Principal d’Instruction de Tunis par l’équipe médicale dirigée par feu Pr Mohamed Fourati. Donc, l’activité de transplantation d’organes ne date pas d’aujourd’hui en Tunisie. C’est une conjugaison de facteurs qui explique que nous maîtrisons aujourd’hui parfaitement l’activité de transplantation d’organes : la volonté des médecins tunisiens de réussir dans ce domaine et surtout le rôle de l’Etat de vouloir former constamment des compétences et de les maintenir à la pointe de la science et de la technologie.
Comment s’effectue le prélèvement d’organes ?
Le don d’organes s’effectue à partir d’un donneur vivant (rein ou la moitié d’un foie) ou d’un donneur en état de mort encéphalique hospitalisé dans un service de réanimation. Nous ne prélevons pas d’organes sur des cadavres, mais sur des personnes qui sont en état de mort cérébrale, c’est-à-dire l’arrêt total et irréversible des fonctions neurologiques (mais les organes sont animés pendant quelques heures).
L’activité de prélèvement et de transplantation d’organes s’inscrit dans un système hermétique, régi par un cadre juridique et contrôlé par le Centre national pour la promotion et la transplantation d’organes (Cnpto). C’est la loi 95-49 du 12 juin 1995 et la loi 91-22 du 25 mars 1991 qui régissent la greffe en Tunisie. Elles fixent les critères pour les donneurs vivants et les donneurs en état de mort encéphalique qui peuvent faire ou non l’objet d’un prélèvement d’organe. Un donneur vivant, désirant faire don d’un rein ou d’une partie de son foie, doit soumettre son accord au tribunal de première instance. S’agissant du donneur cadavérique, toute personne est présumée donneuse en Tunisie. C’est ce qu’on appelle le consentement présumé sauf si cette personne s’y oppose de son vivant et que son nom figure dans le registre d’opposition au prélèvement d’organes. La famille peut également opposer son refus. Il s’agit en priorité des enfants, des parents, du conjoint ou de la conjointe et enfin des frères et des sœurs du défunt en état de mort encéphalique.
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