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El Watan | Algérie | 05/03/2011 | Lire l'article original
Les malades chroniques sont les principales victimes de tous les dysfonctionnements qui caractérisent le marché national du médicament. Penser réduire la facture de l’importation en interdisant des médicaments essentiels, sans avoir toutes les assurances nécessaires d’une production locale prête à satisfaire les besoins, relève d’une véritable inconscience. Une politique engagée dans la précipitation sans le renforcement des mécanismes de contrôle et de suivi pour justement éviter tous ces dysfonctionnements cycliques.
D’ailleurs, les opérateurs de la pharmacie appréhendent des situations encore plus dramatiques dans les mois prochains en matière de disponibilité de médicaments vu le manque flagrant de visibilité quant au devenir du marché du médicament. «L’on parle d’une liste de médicaments interdits à l’importation, mais on ne sait pas encore lesquels pour prévoir l’approvisionnement dans les délais en matière première et éviter ce type de situation catastrophique. L’interdiction du conditionnement a compliqué davantage la situation», commente-t-on dans le milieu pharmaceutique. Actuellement, plus de deux cents produits sont en rupture de stock. Parmi ces médicaments, l’on peut citer ces molécules d’un grand apport thérapeutique telles que Digoxine, Colchicine, Methyldopa, Buprénorphine (Tamgesic) et certains équipements indispensables dans le traitement de certaines maladies telles que l’insuffisance rénale (les poches de dialyse péritonéale). Le manque de tous ces produits met réellement en danger la vie des centaines de patients algériens.
La non-signature des programmes à l’importation des matières premières, la non-signature des autorisations de mise sur le marché des produits conditionnés et tant d’autres raisons bureaucratiques, dont le crédit documentaire, sont à l’origine de cette cacophonie. Interdit à l’importation, Digoxine, ce produit extrêmement important dans le traitement de l’insuffisance cardiaque et du trouble du rythme cardiaque auriculaire, a connu une véritable perturbation. Conditionné par cinq unités de production (PLI, groupe santé, CPCM, Genericlab), ce produit est absent des étals depuis plus d’une année. De nombreux malades sont à la recherche de ce médicament miracle car, de l’avis d’un cardiologue, dans le cas où le traitement est interrompu, le patient risque de décéder. D’autant que le produit ne peut pas être remplacé par un autre.
L’interdiction du conditionnement décidé par le ministère de la Santé est, entre autres, une des raisons de son indisponibilité. Selon une source proche du dossier, le produit en question était conditionné par le groupe Saidal pour le laboratoire Genericlab depuis 2004 en attendant la mise en fonction de son unité de production, mais le contrat a dû être rompu en novembre 2009 par le groupe pour des raisons d’organisation. Entre temps, le ministère de la Santé a été informé en décembre 2009 par Generilab de cette décision afin que des dispositions nécessaires soient prises pour éviter des tensions sur ce produit. C’est ainsi, ajoute notre source, que le produit n’a pas pu être conditionné, malgré la disponibilité du vrac, ni par Saidal ni dans les structures du laboratoire qui a mis en place les équipements en septembre 2010.
Durant toute cette période, l’on imagine que des dizaines de patients ont subi de graves complications et la finalité est connue de tous. Le ministère de la Santé et particulièrement Djamel Ould Abbès crient à qui veut l’entendre que des stocks de six mois de tous les médicaments sont disponibles. Il impute cette situation catastrophique à la mauvaise gestion dans les établissements de santé et la distribution des médicaments. L’on apprend, par ailleurs, que la situation vient d’être débloquée pour ce produit précis (Digoxine) suite à la pression exercée par les médecins et les malades, mais pas pour longtemps. Saidal accorde pour le laboratoire Genriclab, sous injonction du ministère de la Santé, un contrat exceptionnel d’un mois de façonnage pour couvrir les besoins du marché national pour une durée de près de six mois et les premières boîtes viennent d’être mises sur le marché.
Au-delà de cette échéance, le problème risque de se poser de nouveau puisque les programmes à l’importation pour le vrac sont frappés d’interdiction comme c’est aussi le cas pour le produit fini. Les patients resteront-ils encore les otages de cette impasse juridique ? Beaucoup d’autres produits sont aussi concernés par ces problèmes administratifs et juridiques. A quand une politique nationale du médicament au service de la santé publique ?
Djamila Kourta
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