Le parcours de Habiba Djilani avait été aussi prestigieux que modeste : professeur de médecine, généreuse de son temps et de ses efforts, elle accumulait les responsabilités à l’hôpital, certes, mais aussi au ministère de la Santé publique, au Croissant-Rouge, dans de nombreuses sociétés savantes dont elle était responsable ou membre actif. Ceux qui étaient venus témoigner — collègues, élèves, amis, famille — avaient tous la gorge serrée.

Il est impossible de les citer tous. Mais nous avons voulu vous faire partager les plus émouvants.

A.H.

«J’ai connu le professeur Habiba Djilani, au début d’une carrière qui fut brillante, singulière. L’image que je garde d’elle de l’étudiante comme du professeur ne s’est pas modifiée : engagement, sourire moqueur, franc-parler, une certaine gouaille, et en même temps le sens de la mesure et des convenances. Habiba : une personnalité originale, attachante, une femme de conviction, un personnage que l’on ne pourrait oublier.»

Pr Taoufik Naceur
Président du Conseil de l’Ordre des médecins

«Habiba n’était pas seulement une excellente opératrice mais elle avait aussi et surtout le respect du malade et l’amour de son prochain. C’est pour ces raisons que je lui avais demandé d’être membre du Comité central du Croissant-Rouge tunisien (CRT). Elle accepta cette nouvelle charge parce qu’elle la considérait comme une continuité de son sacerdose : aider les plus vulnérables, soulager les plus démunis.»

Pr Brahim El Gharbi
Président du Croissant-Rouge tunisien

«Elle savait enseigner une chirurgie subtile, nuancée, cohérente, rigoureuse et constamment rénovée.
C’est la femme qui a le plus marqué la vie médicale du pays pendant les vingt dernières années. Un esprit logique, une honnêteté intellectuelle à toute épreuve, totalement dévouée à la médecine publique, loin de tous les effets médiatiques et lucratifs.
Crinière au vent, chiffres en tête, cette chirurgienne citoyenne, tempête et s’ébroue non sans rappeler constamment que la vérité d’aujourd’hui n’est pas forcément celle de demain et que la liberté d’examen et la constante remise en question des idées reçues et des valeurs établies sont des règles de la vie et du travail.

Nul n’est moins sectaire que cette véhémente, nul n’est pas plus ouvert à l’autre que cette militante sans parti.
A ses obsèques, le 13 septembre 2007, ses collègues, ses collaborateurs et sa famille, voient accourir une foule compacte d’inconnus, humbles pour la plupart, cohorte d’anciens malades, de familles reconnaissantes qui a tenu à saluer une dernière fois cette femme de bien.»

Pr Ali Horchani
Professeur à la faculté de Médecine de Tunis

«Le serment d’Hippocrate a un sens et Habiba en était l’expression flamboyante et farouchement convaincue, emplie de valeurs humaines, une femme forte animée d’une rigueur et d’une probité sans concessions.»

Hajer Djilani